Le FIDA appelle à éliminer la pauvreté en Afrique de l’Ouest et du Centre
Abidjan/Rome, le 23 novembre 2016 – Le chômage des jeunes, l’insécurité foncière et la fragilité des filières constituent les principaux obstacles à l’élimination de la pauvreté et des inégalités en Afrique de l’Ouest et centrale, affirme un nouveau rapport qui sera présenté aujourd’hui à Abidjan par le Fonds international de développement agricole (FIDA), en collaboration avec la Banque africaine de développement (BAD).
Les jeunes de moins de 35 ans représentent 75% de la population de la région, qui compte également le plus grand nombre de jeunes ruraux que toute autre région du monde. L’autonomisation des jeunes est le premier pas vers la prospérité dans la région, indique le rapport.
« L’absence de perspectives économiques et sociales pour la majorité des jeunes de la région est le principal moteur de migration, explique Michel Mordasini, vice-président du FIDA. Cependant, en investissant de manière judicieuse – pour améliorer les infrastructures, sécuriser les droits fonciers et faciliter leur accès aux financements et à la formation – nous pouvons puiser dans les forces et l’énergie de la jeune génération pour transformer les zones rurales en lieux dynamiques où vivre et travailler ».

Le Rapport sur le développement rural 2016: Promouvoir une transformation inclusive du monde rural est un appel lancé aux décideurs et aux praticiens du développement pour gagner la guerre mondiale contre la pauvreté. Cette analyse systématique et rigoureuse du secteur rural permet de mieux comprendre quels sont les principaux investissements et réformes politiques auxquels la priorité doit être accordée pour transformer les zones rurales dans les pays en développement, afin que les populations et les nations puissent en bénéficier.
Il est essentiel d’attirer les investissements privés dans l’agriculture et l’économie rurale non agricole, affirme le rapport, ajoutant que de nombreuses réglementations agricoles, en Afrique, ont en fait un effet dissuasif plutôt qu’incitatif pour les investisseurs. « La réforme des réglementations qui limitent les investissements et l’entrée du secteur privé dans les filières qui servent les petits agriculteurs doit être une priorité », souligne le rapport.
Selon le rapport, les systèmes alimentaires se transforment rapidement pour répondre à la demande croissante et à l’évolution des régimes alimentaires des classes moyennes urbaines, qui délaissent les grains au profit des produits laitiers, du poisson, de la viande et des légumes. En outre, la croissance rapide et continue des importations montre qu’il y a là un créneau que les agriculteurs locaux peuvent exploiter pour développer leur activité, s’ils sont en mesure de produire de manière compétitive.
« La transformation rurale constitue un moyen efficace de vaincre la pauvreté, affirme Ides de Willebois, directeur régional de la division Afrique de l’Ouest et du Centre au FIDA. Nous devons développer les zones rurales en Afrique où les personnes sont disposées à investir, ce qui leur permettra ensuite de produire davantage pour obtenir un excédent commercialisable susceptible d’être vendu à profit, et de leur fournir les ressources nécessaires pour améliorer leurs moyens d’existence et réinvestir. Avant toute chose, des infrastructures sont nécessaires pour rendre les zones rurales facilement accessibles, non seulement des infrastructures physiques, mais aussi informatiques et bancaires. La transformation rurale donnera de l’espoir aux jeunes ruraux, femmes et hommes, et leur ouvrira des perspectives pour bâtir leur avenir. Nous n’avons pas d’autre choix. »
Le rapport fait écho à l’ambition de la Banque africaine de développement de transformer l’agriculture africaine à travers sa nouvelle stratégie « Nourrir l’Afrique ». « L’Afrique est fin prête à franchir une étape décisive vers la transformation de son agriculture en vue de mettre fin à l’extrême pauvreté, à la faim et à la malnutrition, de devenir un exportateur net de produits alimentaires et de se hisser au sommet des chaînes de valeur agricoles sur lesquelles le continent a un avantage comparatif », a déclaré le vice-président par intérim de la BAD chargé de l’Agriculture, de l’eau, du développement humain, de la gouvernance et des ressources naturelles.
La transformation d’une série initiale de 18 chaînes de valeur des produits de base dans des zones agroécologiques précises pourrait ouvrir des marchés d’une valeur de 85 milliards d’USD par an à l’horizon 2025, en plus d’avoir un impact substantiel sur la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) concernant la réduction de la pauvreté et l’élimination de la famine. Elle nécessiterait la mobilisation d’un montant oscillant entre 315 et 340 milliards d’USD, au titre des investissements. Cela pourrait se faire en développant à grande échelle des interventions en cours et couronnées de succès sur le continent, tout en développant davantage les capacités requises des acteurs, tant publics que privés, intervenant dans l’ensemble du système, de façon à pérenniser les impacts positifs de ces interventions.
La BAD est bien placée pour jouer un rôle particulièrement important dans une telle transformation, à travers sa stratégie, en agissant comme catalyseur de tels efforts, notamment à travers l’utilisation, entre autres atouts, aussi bien de son levier financier pour mobiliser les investissements nécessaires que de son pouvoir de mobilisation pour amener les différents partenaires autour d’une même table et renforcer l’obligation de rendre compte.
Transmis par le service Communication de la BAD