Guinée: le ministre de la Justice jette l’éponge et met Alpha Condé dans l’embarras !

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(Guineeco.info)-Le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Me Cheick Sako, en poste depuis 2014 vient de démissionner du gouvernement guinéen. Dans sa lettre de démission datée du 20 mai 2019, adressée au Président Alpha Condé, l’ancien avocat du Barreau de Montpellier explique avoir tiré les conséquences du silence du locataire de Sékhoutouréyah, à qui il aurait demandé en vain de le remplacer à son poste depuis le 4 avril dernier.

Le départ de Cheick Sako du Gouvernement Kassory Fofana intervient dans un contexte sociopolitique agité, du fait de la volonté affirmée du pouvoir en place d’organiser, contre vents et marrées, un référendum pour doter la Guinée d’une nouvelle constitution afin de permettre au Président Alpha Condé de s’offre un mandat de plus à la tête du pays. Cela, bien malgré la détermination du Front National pour la défense de la Constitution, composé d’acteurs politiques de l’opposition et d’activistes de la société civile.

« Je n’ai pas été associé à la rédaction de la nouvelle constitution en ma qualité de Garde des Sceaux, et compte tenu de ma position personnelle contre la modification ou le changement de la constitution en vigueur, vous comprendrez que je ne puisse pas continuer à exercer ma fonction de ministre de la Justice, Garde des Sceaux », écrit Me Sako. Lequel s’est tout de même dit honoré d’avoir servi le Pr Alpha Condé, le gouvernement et le peuple de Guinée « avec dévouement et loyauté » pendant cinq ans et cinq mois.

Cette démission de Me Sako n’est pas sans rappeler celle de son ancien collègue, Khalifa Gassama Diaby, l’ancien populaire ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté, qui avait quitté le navire gouvernemental en novembre 2018, sans crier gare. Ces deux démissionnaires de l’équipe dirigée par  Kassory Fofana avaient en commun un capital confiance au sein de l’opinion guinéenne et peut-être même internationale. Ils laissent derrière eux un travail au goût d’inachevé.

En tant que ministre de la Justice, Me Cheick Sako a sans doute opérer plusieurs réformes dans son département, mais il n’a pas pu tenir ses promesses d’organiser le procès tant attendu du massacre du 28 septembre 2009 au grand stade de Conakry où plus de 150 opposants à la junte militaire d’alors ont été tués et plusieurs femmes violées à ciel ouvert.

Ces démissions en cascade ne manqueront pas de mettre le Président Alpha Condé et les thuriféraires de son régime dans l’embarras. Du côté de l’opposition, on accueille la démission de Me Sako avec « soulagement ». C’est du moins ce qu’a laissé entendre l’honorable Cellou Baldé, député uninominal de Labé, rapporté par nos confrères du site Guineematin.com.

« Au niveau de l’opposition et du Front National pour la Défense de la Constitution, nous croyons en cette démission. Nous l’accueillons avec beaucoup de soulagement parce que ça nous conforte dans notre position. Nous avons toujours dit que les cadres du gouvernement et même des gens au niveau du RPG Arc-en-ciel, ne partagent pas tous cette initiative suicidaire de monsieur Alpha Condé de doter la Guinée d’une nouvelle constitution en violation flagrante de celle en vigueur et des lois de la République. Je crois que Cheick Sako a vu juste et il a tiré les conséquences », a confié cet opposant.

Dans un récent article, nos confrères de Mediaguinée prédisaient l’imminence d’un remaniement ministériel, arguant que des ministres qui ne mouillent assez le maillot pour l’hypothétique victoire du « Oui » au référendum constitutionnel en vue pourraient être remerciés.

Bachir Sylla  

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