Guinée : la chute du prix de l’anacarde affecte les acteurs de la filière
(Guinéeco.info)-La chute du prix de l’anacarde sur le marché international affecte les acteurs des acteurs de cette filière en Guinée. A Boké, zone de production par excellence de ce produit de rente, les producteurs et les vendeurs locaux ressentent amèrement l’absence des acheteurs étrangers qui ne se bousculent pas cette année dans la région.
Selon les constats d’un reporter de Guinéeco.info, une quantité importante d’anacardes est stockée dans les magasins de Boké. Une situation qui désole aussi bien les planteurs que les vendeurs locaux. C’est le cas d’Alpha Oumar Bah, un habitant du village Thiagui-Banana, situé à 50 Km de la commune urbaine de Boké.
« La culture de l’anacarde est très difficile. Nous, au village, on travaille avec la force physique. Imaginez, durant toute une année tu es en train de travailler, pendant la période de récolte, on vient ramasser ça comme de simples stériles. C’est décourageant ! Au village, ils achètent le kilogramme à 5 500 GNF à 6 000 GNF. L’année passée, il y a avait la présence des Indiens qui achetaient le kilogramme jusqu’à 15.000 Francs guinéens. Mais cette année, comme ce sont les natifs de Boké qui achètent, je constate un changement», confie le jeune Alpha Oumar.
L’inquiétude est encore plus palpable chez les vendeurs grossistes, qui ont investi des millions dans cette filière. Devant son magasin, Abdoul Hamid Barry, affiche une mine serrée. Il ne cache pas ses craintes. « Depuis un moment on est confronté à un véritable problème lié à la baisse du prix de l’anacarde. Le prix est monté jusqu’à 12 mille, 13 mille franc guinéens, maintenant on est tombé jusqu’à 8 mille voir 7 mille francs guinéens. Du coup a perdu des centaines millions de francs guinéens. Je ne sais pas exactement la cause, mais il ya eu un changement par rapport à l’année passée », constate Abdoul Hamid Barry
Et d’ajouter : « On risque d’aller en faillite, pour tant on contracter de prêt auprès des banques et de même de particuliers. C’est vraiment pitoyable à l’heure où je vous parle je n’ai aucun espoir. Tous nos partenaires cette fois-ci nous ont presque lâchés. Tu demande ils te disent que le prix a chuté au niveau international»
Où sont passés les Indiens ?
L’absence des indiens à Boké pour la campagne d’anacarde s’expliquerait par la présence d’une main noire qui viserait à protéger des « intérêts égoïstes ». S’exprimant sur la cause de la baisse du prix de l’anacarde sur le marché mondial, Mamadou Saliou Kaltamba, le premier vice président de la fédération nationale des producteurs d’anacarde de Guinée, indique c’est la règle du commerce qui s’impose.
« Personne n’a influencé le prix de l’anacarde. C’est la règle du commerce qui a influencé le prix, c’est-à-dire l’offre et la demande. Aucune décision n’a été prise à ma connaissance officiellement qui interdit l’exportation de l’anacarde. C’est le souhait du gouvernement aujourd’hui pour avoir de la valeur ajoutée de créer les emplois de faire des usines de transformation mais nous n’en n’avons pas », regrette cet opérateur économique.
Le premier vice-président de la fédération nationale des producteurs d’anacarde de Guinée, fait remarquer que c’est à l’Etat de prendre sa responsabilité car, selon lui, la filière n’est pas structurée. Personne ne connait le nombre des producteurs encore moins le plus grand producteur. Mamadou Saliou Kaltamba et ses collègues invitent le gouvernement et les producteurs à se rapprocher de leur structure en vue de trouver solution aux difficultés rencontrés dans ce secteur. « Il faut des intermédiaires entre le gouvernement et les payants. Nous nous sommes disponibles. Cette fédération est un instrument pour eux», Indique M. Kaltamba
De retour de Boké, Mamoudou Boulléré DIALLO, pour Guineeco.info