Coup de théâtre : Dadis se retire de la politique et veut la lumière sur le massacre du 28 septembre 2009
(Guineeco.info)-Contre toute attente, Moussa Dadis Camara vient de démissionner de la présidence du parti qui l’avait choisi pour porter ses couleurs et décidé de s’écarter de la politique. Celui qui est formellement inculpé dans le massacre du 28 septembre 2009 confie avoir hâte de voir la lumière sur cet événement douloureux dont on a célébré récemment le 7e anniversaire.
L’évènement, l’on s’en souvient, avait coûté la vie à 157 Guinéens froidement assassinés par les forces de l’ordre alors Dadis Camara était le commandant en chef des forces armées guinéennes. Les Nations Unies et les organisations de défense de droit de l’homme avaient également fait état de plusieurs centaines de blessés et plusieurs femmes violentées et violées à ciel ouvert dans l’enceinte du Stade du 28 septembre de Conakry, pour s’être ouvertement opposés à une éventuelle candidature du chef de la junte qu’était Dadis à la Présidentielle de 2010.
Le capitaine Camara cristallisa alors toutes les attentions, et même des tensions, à cause de l’émoi que ces tueries avaient créé. Du coup, Camara passera aux yeux des défenseurs des droits de l’homme comme principal instigateur de ce massacre avant d’être officiellement inculpé par la justice guinéenne, alors qu’il poursuivait sa convalescence à Ouagadougou (Burkina Faso) suite à la tentative d’assassinant contre sa personne par son téméraire aide de camp, lieutenant Aboubacar Diakité alias Toumba.
Actuellement, se sachant dans le collimateur de la cour pénale internationale (CPI), l’accusé demande lui-même que lumière soit faite sur ses évènements, portant confiance à la justice nationale.
«A chaque évènement du 28 septembre je suis l’homme le plus meurtris. Je suis touché à plus d’un titre, puisque ce sont des Guinéens qui sont morts innocemment, froidement», compatit-t-il ainsi, en réponse sans doute à ceux qui pensent qu’il a de la pierre à la place du cœur. L’exilé de Ouaga s’exprimait dans un entretien téléphonique sur les ondes d’une radio émettant à Conakry.
‘’La chose que je demande, c’est que la lumière soit faite’’, dit-il en substance. Avant d’ajouter : ‘’Mais avant que cette lumière ne soit faite, je m’inclinerais pieusement devant la mémoire des victimes et les familles éplorées’’.
Pourquoi? ‘’Parce que ce qu’on ne peut pas ôter la vie d’un être humain comme ça. Ça me touche ! Mais qu’est-ce que je peux ?», interroge celui qui vient de jeter l’éponge du parti politique FPDD qu’il dirigeait depuis peu. Mais auparavant, il avait a signé sa retraite de l’armée guinéenne pour faire carrière en politique. Et donc, le nouveau retraité politique de répondre : ‘’Je n’attends que le moment. Le moment venu, on a une justice».
Plus loin, l’ex-capitaine fait dans la révélation : ‘’J’ai été auditionné dans un premier temps à Ouagadougou comme témoin. Quand il y a eu la commission rogatoire, j’ai eu des coups de file de gens qui m’ont dit: ‘’Si on vous pose la question, ne répondez pas si vous n’êtes pas en Guinée. J’ai dit non, si je fais ça je n’aurais pas respecté la justice guinéenne’’.
Selon lui, s’il refusait de répondre aux questions des juges guinéens partis l’interroger à Ouagadougou dans son implication présumée dans ce massacre du 28 septembre 2009, il aurait piétiné tout à la fois les valeurs de la justice guinéenne et la mémoire des victimes. ‘’C’est pourquoi je me suis prêté aux questions des juges qui sont venus de la Guinée. J’ai répondu à toutes les questions qu’ils m’ont posées. Et j’ai collaboré avec eux», s’ouvre-t-il aux journalistes.
Et de continuer : «J’ai été insulté, mais cela ne veut pas dire qu’à chaque évènement du 28 septembre, je ne suis pas touché. Je suis l’homme plus touché, le plus meurtris. Parce qu’on ne pas ôter la vie d’une personne de façon très sauvage, très barbare».
Salim Diallo