Le Barreau de Guinée s’insurge contre la vindicte populaire et dénonce l’irresponsabilité de l’Etat
(Guinéeco.info)-Le Barreau de Guinée est monté au créneau hier lundi 05 juin pour dénoncer la férocité dont sont victimes certains citoyens guinéens sous le nez et la barbe des autorités en charge de les protéger.
S’exprimant devant ses confrères, au siège de leur organisation, à la Cour d’Appel de Conakry, le secrétaire général du Barreau de Guinée, Me Kémoko Malick Diakité a indiqué que les actes de barbarie récemment enregistrés à Lambanyi, dans la commune de Ratoma, ainsi que ceux survenus dans un passé non lointain à Sangardo, dans la préfecture de Kissidougou, à Kouroussa et à Siguiri, ont été perpétrés sans que personne, y compris les forces de l’ordre, ne porte assistance aux malheureuses victimes.
Selon lui, le Barreau de Guinée, attaché au respect des droits fondamentaux de la personne et aux valeurs humaines ne peut rester insensible face à des pratiques d’un autre âge. Invoquant des articles de la Constitution, il rappelle que la personne humaine et sa dignité sont sacrées et que l’Etat guinéen a le devoir de les respecter et de les protéger.
Il ajoute que l’être humain a droit au libre développement de sa personnalité, à la vie et à l’intégrité physique et morale. « Nul ne peut être l’objet de torture, de peines ou de traitements cruels, inhumains ou dégradants », souligne-t-il.
« Le Barreau de Guinée constate, pourtant, que depuis l’indépendance, les populations guinéennes sont habituées à assister impuissantes à des spectacles macabres de crimes de tortures et de meurtres commis sur la place publique », se désole le secrétaire général du Barreau de Guinée.
Me Kémoko Malick Diakité affirme que sa structure est préoccupée par la multiplication de faits qui rappellent une sorte de vendetta en ce sens que partout en Guinée, des personnes suspectées de vol ou de crime font l’objet de violences inouïes et meurent dans des conditions atroces sous l’œil indiffèrent de tous.
Pire encore, le Barreau regrette que des individus enregistrent et diffusent ces images de violences qui sont pourtant sont passibles de condamnation en vert des dispositions de l’article 281 du code pénal.
Le cas le plus récent remonte au mardi 30 mai dernier, quand un jeune accusé de vouloir voler une moto a été pris à partie, battu, torturé et immolé par le feu en pleine journée devant une foule de curieux sur la route principale de Lambanyi dans la Commune de Ratoma.
Le Barreau de Guinée condamne ces violences qu’il estime tolérées par les pouvoirs publics, car « ne peuvent avoir cours que dans un Etat de non droit ». Il invite le gouvernement à prendre de toutes les mesures utiles pour assurer le strict respect de l’ensemble des textes relatifs à la protection des droits de l’Homme.
Le Procureur de la République près le Tribunal de 1ere Instance de Conakry 2 est également invité à ouvrir une information judiciaire sur les faits survenus le 30 mai dernier pour lesquels le Barreau annonce qu’il se constituera partie civile, conformément aux dispositions de l’article 27 de la loi portant réorganisation de la profession d’avocat en Guinée.
Le Barreau demande également aux citoyens de faire preuve de retenue et d’avoir confiance en la justice. Il invite les forces de sécurité à assurer pleinement la protection des personnes et de leurs biens en toutes circonstances et exhorte l’Etat à les doter de moyens matériels et logistiques nécessaires à l’accomplissement de leur mission.
Tafsir Bah