Alexandre Camara, DG de Globetrans SA : Un patron aux ambitions bien mesurées

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Alexandre Camara (Alex pour les intimesà est un opérateur économique au triomphe modeste. Alors que Globetrans, qu’il dirige depuis sa création, en 2005, imprime ses marques en Guinée, cet ingénieur mécanicien de 52 ans ne verse pas dans la démesure.

« Je n’ai pas de méga ambition. Je ne souhaite pas que Globetrans soit une grosse entreprise, mais une moyenne, à dimension humaine». Spécialisé dans le transit et la manutention, le transport et la logistique, les forages d’eau, le sondage et la reconnaissance de sol, Globetrans dispose à ce jour d’un parc d’une trentaine de camions, pour le transport, d’une grue, de cinq fourchettes et de trois camions de levage, pour la logistique. Avec quarante camions de transport et le double du parc actuel pour la logistique, Alex estime que ce serait largement suffisant pour permettre à sa société d’assurer un service de qualité à sa clientèle.

« Notre ambition n’est en rien d’être coté en bourse, ni de tripler ou de quadrupler nos capacités, d’avoir 200 camions, non plus d’avoir mille collaborateurs. Nous sommes aujourd’hui 99. Lorsque nous serons, en tout, 150 employés permanents et en rotation, ce serait largement suffisant. Nous formons bien nos collaborateurs, leur donnons la possibilité de s’exprimer, d’avoir un salaire décent, de vivre correctement et d’aimer cette entreprise. »

Capitaliser une riche expérience

Pour la conduite des affaires de Globetrans, Alex Camara s’appuie sur sa propre expérience professionnelle entamée en 1983 à l’Office des bauxites de Kindia, en qualité de mécanicien stagiaire avant un bref séjour à la Direction nationale des mines. Il atterrit par la suite à la Sogetrag (Société de gestion des transports de Guinée) dont il été notamment Directeur technique. En 1993, il est copté par la SDV, alors Socopao, pour en devenir le responsable de fret aérien. « Débauché », selon ses propres termes la Société générale de surveillance (SGS), il y travaille trois ans et demande son départ de cette, en 2001, pour tenter une aventure au Burkina Faso.

Début 2002, il accepte de rejoindre le groupe Futurelec, sur proposition de l’ancien directeur général du groupe SGS qui venait de prendre la direction du holding du groupe. En tant que direction d’exploitation dudit holding, il y a vécu six mois qui l’a conduit à une traversée du désert, à cause des démêlées judiciaires avec le PDG du groupe Futurelec, El Hadj Mamadou Sylla. Il sort blanchi du procès contre lui, non sans avoir été objet d’une détention arbitraire à la maison centrale de Conakry. Après cette mésaventure, il s’oriente vers l’audit d’entreprise. Pendant une année, il travaille à Injelec. De là, on lui propose un poste à Transco, où il est resté une année, avant de résoudre de créer sa propre structure, en association avec El Hadj Amadou Sadio Barry, un opérateur économique guinéen.

Un service diversifié

Au départ, Globetrans se focalisait sur la chaîne complète du transit, le « Dor to dor ». Par la suite, elle a élargi son rayon d’action en faisant de la prestation de service. La société a ainsi réalisé une trentaine de sites GSM pour Areeba Guinée, filiale du groupe MTN et une dizaine pour Intercel Guinée. Globetrans se dote par ailleurs d’une structure de forage d’eau qui fait le bonheur personnel de son directeur général. « C’est toujours un plaisir de voir l’eau jaillir de terre pour le bonheur des populations rurales qui, généralement, ont fait des années sans avoir de l’eau à leur portée de main », fait remarquer M. Camara

Un solide partenariat à l’étranger

Avec une représentation en France, Globetrans est en partenariat avec le groupe Transfert international, filiale de Syllogis, la branche logistique de la Société nationale des chemins de fer français (Sncf). La société a également scellé un partenariat avec SDV. En tant qu’ancien cette société, le directeur de Globetrans y a toujours des bons rapports avec ses anciens collaborateurs, tous enchantés, selon Alex, qu’il leur ait fait une proposition de collaboration.

Vous avez dit concurrence ?

« Notre logique est de dire : il y a du travail pour tous. Organisons, arrêtons de nous battre inutilement. Allons dans le sens du développement de la Guinée, dans le sens de valorisation de la compétence guinéenne, dans le sens du travail en équipe », estime Alex Camara. Il prend l’exemple sur les ferveurs qui accompagnent souvent les victoires du Syli national de Guinée pour illustrer la nécessité de travailler en équipe. « C’est 11 personnes qui jouent les unes avec les autres. En cas de victoire, cette équipe donne un plaisir monstre à la Guinée. Pourquoi, nous autres professionnels, gens d’un même métier, faisons-nous la guerre, alors que nous travaillons ensemble ? »

Pour le retour des cerveaux

Le DG de Globetrans plaide en faveur d’un retour au pays des Guinéens de la diaspora, qui ont eu la chance d’aller poursuivre leurs études à l’étranger. « Vous avez vu, vécu, appris ailleurs. Revenez en Guinée, le pays a besoin de votre expertise ». Il estime cependant évident les candidats au retour ne retrouveront pas à l’identique les mêmes conditions qu’ils vont laisser en Europe ou en Amérique. « Mais c’est notre pays. Nous avons besoin des compétences des Guinéens. » Alex Camara déplore qu’à ce jour l’Etat guinéen soit obligé de débourser des fortunes immenses pour s’attacher les services d’experts africains, européens ou américains pour des travaux que des Guinéens de la diaspora peuvent faire autant sinon mieux. Il invite les autorités guinéennes à assainir davantage le climat des affaires en Guinée.

Bachir Sylla

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