Abidjan : la BAD appelle la société civile à contribuer à l’industrialisation de l’Afrique
Guinéeco.info)-Le Forum de la Société civile africaine, premier du genre, a ouvert ses travaux ce lundi 7 mai, au siège de la Banque africaine pour le développement (BAD), à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Cette rencontre de trois jours doit permettre aux participants, venus des différents pays africains, de proposer des solutions idoines pour « accélérer l’industrialisation de l’Afrique »
A la cérémonie d’ouverture, Vanessa Moungar, directrice chargée du genre, des femmes et de la société civile à la BAD, a indiqué que l’édition 2018 du Forum de la société civile est très spéciale, parce que c’est la première que ce rendez-vous annuel est organisé avant les Assemblées annuelles de la BAD. Habituellement, rappelle-t-elle, ce forum se tenait en marge de celles-ci, avec seulement quelques sessions dédiées à la société civile. Cet espace de d’échanges et de dialogue entre les acteurs de la société civile et la Banque Africaine de Développement permettra désormais de mieux connaître et comprendre la première institution financière du continent.
« Ce nouveau format témoigne de l’importance de la société civile en qu’acteur incontournable du développement du continent. Il nous permettra également d’approfondir notre partenariat pour mieux aborder ensemble les problématiques liées au développement de l’Afrique », a-t-elle affirmé. Et de préciser que conformément aux assemblées générales de la BAD, les discussions et les débats de ce Forum tourneront autour de l’agenda de l’industrialisation de l’Afrique, un maillon essentiel des cinq grandes priorités de la Banque.
Des pistes de réflexion
Célestin Monga, Chef Economiste et Vice-Président en charge de la gouvernance économique et de la gestion du Savoir de la BAD a partagé à cette occasion quelques réflexions qui résonneront sans doute durant tout ce Forum et bien au-delà. Pour lui, la société civile a un rôle important à jouer pour le développement du continent, à condition qu’elle soit unie. Evoquant les résultats d’un micro-biologiste, il explique que les fourmis, les abeilles, les termites et les êtres humains sont des espèces ayant en commun leur grande coopération et leur aptitude à travailler ensemble.
En « provocateur », selon ses propres termes, M. Monga a aligné les quatre déficits qu’il impute aux Africains, à savoir : le déficit de l’estime de soi, le manque de connaissances et d’apprentissage, le problème de leadership sur le continent et l’incapacité à résoudre les conflits même à l’échelle familiale. Plus loin, il conseille de faire attention à certains qui se réclament de la société civil, parce que les mafieux et les groupes terroristes en font partie.
Pour M. Celestin Monga, l’industrialisation de l’Afrique ne signifie pas qu’il faille faire ce que les pays industrialisés ont fait depuis des siècles. Il estime qu’il faut simplement tirer les leçons des expériences réussies et des échecs des autres. Pour lui, il n’y pas un seul problème en Afrique, qui ne se soit posé et résolu ailleurs. De ce fait, il encourage la production du savoir et de la connaissance en Afrique.
Du financement des infrastructures
Le Chef économiste de la BAD a exhorté les organisations de la société civile à aider à la réflexion pour le développement des PME, la transparence dans la passation des marchés, le soutien aux femmes et le développement d’une économie d’échelle. Il estime qu’il faut également connecter les PME africaines aux zones économiques spécifiques pour leur permettre d’avoir accès aux investissements directs étrangers (IDE).
Il révèle que chaque année pas moins de trois mille milliards de dollars américains de fonds de pension et de fonds souverains sont envoyés hors de l’Afrique par des investisseurs qui pensent que le continent noir n’est pas la bonne terre pour semer.
Monga a conclu son intervention par la nécessité d’exiger la transparence et la redevabilité en Afrique.
Bachir Sylla, envoyé spécial